Plus de dix ans après les faits, le procès s'est ouvert mercredi.
David contre Goliath, ou quand l'un des pays les plus pauvre de la planète s'en prend à un géant de l'industrie pharmaceutique.
En 1996, en réponse à une épidémie de méningite à méningocoque particulièrement virulente -12 000 personnes trouvèrent la mort en six mois seulement- le laboratoire américain Pfizer avait décidé d'administrer un nouvel antibiotique à la population nigériane. Sauf que le médicament en question n'était pas encore commercialisé. Pis, il était toujours en phase de test.
L'Etat nigérian a ensuite souhaité porter plainte, considérant que le Trovan, le vaccin en question, aurait entraîné la mort de 11 enfants. D'autres conserveraient des séquelles importantes de ce traitement. Pour elles, Pfizer s'est servi du Nigéria pour tester à grande échelle son nouveau médicament. Une version des faits contestée par le groupe pharmaceutique.
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Selon le laboratoire américain, le produit en était à la dernière phase d'essais cliniques et "avait été testé chez plus de 5000 patients aux États-Unis, en Europe et ailleurs", précise la firme américaine. "Le Trovan apportait un vrai progrès grâce à sa formulation orale, explique un porte-parole, alors que le traitement de référence se faisait par voie injectable, ce qui est beaucoup plus compliqué à administrer, surtout dans ce type de pays." Interrogée sur les infirmités détectées chez les enfants sous traitement, le géant new-yorkais a une réponse toute prête: "Elles sont malheureusement courantes chez les personnes qui survivent à la méningite. L'essai a été réalisé dans les règles : autorisation du ministère, volontariat, accord des parents..."
Débouté le 26 juin dernier, alors qu'il souhaitait amender sa plainte pour expliquer le temps écoulé - onze années - entre les faits et son recours en justice, le Nigéria attend beaucoup de ce procès. De son côté, le géant américain semble sûr de son fait, même si le Trovan, après plusieurs années de commercialisation, a été retiré du marché en raison de la nocivité de ses effets secondaires. Au-delà des considérations pécuniaires, c'est la question des essais des nouveaux traitements dans des pathologies mettant en péril la vie des patients qui se pose. Et de la position de faiblesse du continent africain, dépendant du bon vouloir international pour résoudre ses plus graves crises sanitaires. Pfizer a-t-il profité de la terrible situation rencontrée par le Nigéria pour tester son médicament à grande échelle et augmenter ses bénéfices?
A la justice de trancher.
Extrait du Texte provenant du « Le Journal du Dimanche »
Texte intégral : http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200740/pfizer-pas-de-vaccin-contre-la-mort_61092.html